COP23: L’absence de leadership fait craindre le déluge

Entre le retrait des Etats-Unis et les projets polémiques de la Russie, l’un des défis majeurs de la COP reste l’entêtement des grandes puissances.

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Entre deux murs de béton, des manifestants marchent pour le climat à Bonn, le 4 novembre 2017, à deux jours de la COP23.®

“Je n’ai jamais vu une COP avec un taux d’adrénaline aussi bas”, confiait un diplomate anonyme à l’AFP à l’issue de la clôture de la COP23 samedi dernier. L’enthousiasme autour de la conférence sur le réchauffement climatique semble au plus bas depuis la COP21 à Paris en 2015.

Tout comme la COP22 l’année dernière, la COP23 vise à élaborer un manuel d’application du traité de Paris. Cet accord devrait entrer en vigueur en 2020 avec l’ambition de stabiliser et éventuellement de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, depuis le départ des Etats-Unis en juin dernier, cet objectif semble de moins en moins réalisable. D’autant plus qu’un autre grand émetteur de gaz à effet de serre, la Russie, n’a pas ratifié le traité de Paris bien que faisant partie des pays signataires. « Aucun pays développé ne peut actuellement prétendre au leadership dans la lutte contre les changements climatiques », affirme Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International, citée par Le Temps.

Un scepticisme visiblement fondé, puisque l’ONG mène le combat contre le réchauffement climatique sur plusieurs fronts. Le 17 septembre dernier Greenpeace dénonçait vivement la construction de la centrale nucléaire flottante Akademik Lomonosov par la Russie. Dans un communiqué alarmant, Greenpeace avait qualifié le projet de « dangereuse expérience », pointant du doigt la « logique perverse » de la Russie et appelant Moscou à mettre immédiatement un terme au projet.

Centrale nucléaire
L’Akademik Lomonosov, installée sur une barge. La centrale nucléaire prendra la mer pour aller jusqu’au Kamchatka, où elle alimentera une ville entière pendant 38 ans. ®

“L’impact de cette centrale sur l’environnement n’a pour le moment pas été évalué”, explique Jan Haverkamp, un des spécialistes de Greenpeace. Des questions liées à l’étanchéité de l’installation et à la sécurité du réacteur en l’absence d’une enceinte en béton restent en suspens. “En Russie, des centrales nucléaires comparables sur des brise-glaces et des bateaux de guerre ont déjà provoqué des accidents, totalisant 29 décès”, rappelle le communiqué de Greenpeace.

Sur le plan local, à Saint-Pétersbourg, une pétition contre le chargement des réacteurs nucléaires a rassemblé 11.000 signatures. Greenpeace, elle, mène le front à l’international en étudiant dans quelles mesures les pays voisins peuvent influencer les décisions du gouvernement russe. A l’heure actuelle, seuls les gouvernements norvégien et finlandais ont exprimé leurs inquiétudes quant aux risques environnementaux du projet. Greenpeace espère pouvoir s’appuyer sur la Convention d’Espoo, un accord européen permettant aux Etats parties de participer aux études d’impact environnemental des projets industriels les concernant, pour faire pression sur la Russie.

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